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  • L'incroyable aventure de la langue française racontée depuis sa naissance à Rome jusqu'à sa greffe réussie en Amérique
  • Benoît Leblanc (bio)
Jean Forest, L'incroyable aventure de la langue française racontée depuis sa naissance à Rome jusqu'à sa greffe réussie en Amérique Montréal, Triptyque, 2002, 258 p.

D'abord le titre. Tellement ambitieux qu'il éveille les soupçons de tout lecteur dont l'intérêt l'a amené à lire les nombreux ouvrages portant sur l'histoire de la langue française, incluant bien sûr la somme de Ferdinand Brunot. Que dire de nouveau ? Et que dire du sous-titre tout aussi audacieux, dissimulé sous les pages de garde du volume : racontée depuis sa naissance à Rome jusqu'à sa greffe réussie en Amérique ? L'auteur aurait pu ajouter : en passant par la récolte du foin à Saint-Glinglin avec le « maudit grand fou de Jack », ce dernier étant un cheval soit dit en passant, pour ne citer que l'une de ses nombreuses digressions, sur fond d'une ponctuation déficiente. Cela dit, Jean Forest donne le ton de son ouvrage dès le premier chapitre, intitulé « De l'indo-européen au latin en passant par le gaulois », en empruntant un style parfois familier, coloré, voire racoleur pour nous raconter les moments et les personnages linguistiquement marquants de cette époque. Ce faisant, il ne manque pas de parler de Staline, de Francis Cabrel et de Maryse la Beauceronne, autres célébrités de l'époque... Dans le deuxième chapitre, « Du latin au français en passant par le roman », le profane trouvera son compte, car l'auteur présente une bonne synthèse des faits liés à l'évolution du français durant la Renaissance, suivie d'une récapitulation de ses propos précédents pour rattraper son lecteur quelque peu perdu. En outre, dans ce même chapitre, était-il nécessaire que Forest, psychanalyste et linguiste, règle ses comptes avec Vaugelas ?

Poursuivons l'itinéraire « Du français à l'anglais en passant par l'anglo-saxon », chapitre troisième, traite tant de linguistique externe que de linguistique interne en narrant d'abord les exploits des Normands et des rois angevins, et en présentant par la suite des exemples intéressants de parallélismes lexicaux entre le français et l'anglais, démontrant ainsi la surprenante influence de la première langue sur la deuxième. La longue liste présentée aux pages 138-140 se veut particulièrement éclairante à ce sujet. Au début du chapitre quatre « Du français au québécois en passant par le parisien », l'auteur relate les événements importants qui ont eu de l'importance sur l'évolution du français en Nouvelle-France. Tout se gâte à partir de la page 182 où, se fondant sur une métaphore du néolithique, Forest nous entraîne dans la narration de ses exploits agricoles. On sent bien là le prétexte à planter des mots du terroir, mais le procédé ennuie et les passages afférents de la vie de l'auteur manquent d'intérêt. Le chapitre cinq, « Du québécois à l'américain en passant par l'anglais », qui trace le passage du rural vers l'urbanisation et la révolution industrielle se veut de la même facture et énerve tout autant que le chapitre précédent, sacres et anglicismes en prime : « Stop, Nelly, stop, hostie ! » Nelly, une jument cette [End Page 171] fois, joual quand tu nous tiens ! Nous n'en dirons pas davantage de ce chapitre.

De tout ce salmigondis biographico-linguistico-historique, nous relèverons néanmoins ce passage éclairé de la conclusion qui devrait servir de réflexion préalable à tous les gestes de sauvegarde du français au Québec.

Il n'est évidemment pas vrai que le Canada place désormais ses deux langues officielles sur un pied d'égalité, les anglophones sachant très bien que notre croissance démographique se chargera de supprimer l'exaspération que nous causons en mettant fin à l'existence...

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