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  • Accessoires. La littérature à l’épreuve du dérisoire
  • Lydia Lamontagne (bio)
Accessoires. La littérature à l’épreuve du dérisoire, s. la dir. d’Isabelle Décarie, Brigitte Faivre-Duboz et Éric Trudel Québec, Éditions Nota bene, coll. Essais critiques, 176 p., 21,95$

La toile de la page couverture d'Accessoires, La littérature à l'épreuve du dérisoire s'intitule La mémoire-éléphant. Une mémoire exceptionnelle, notamment pour le mal que l'on nous a fait, nous apprend le dictionnaire. Voilà ce qui ouvre le collectif sous de la direction d'Isabelle Décarie, Brigitte Faivre-Duboz et Éric Trudel. Ces derniers souhaitent mieux comprendre la place de plus en plus importante de l'accessoire et du dérisoire dans la [End Page 84] littérature et montrer que d'autres ont tort de négliger ce qui leur semble relever de l'insignifiant.

À cause de la diversité des angles littéraires employés dans ce collectif, nous avons choisi de ne pas regrouper ces articles qui, bien qu'ils possèdent des points de recoupement importants, travaillent le dérisoire différemment. Nous avons aussi modifié l'ordre des textes afin de commencer par les réflexions philosophiques de Pierre Bertrand, si proches du sens de l'insignifiant qu'explorent les autres textes. De plus, nous avons pris la liberté de nous pencher plus particulièrement sur les articles qui nous semblaient les plus intéressants.

« Le sens de l'insignifiant », de Pierre Bertrand, est un essai philosophique des plus intéressants puisqu'il interroge le rapport entre « l'inutile » et la mort. D'abord, le texte nous convainc de l'inutilité du remplissage de temps que nous sentons le devoir de faire pour oublier le vide. Derrière cette peur de l'inactivité, Bertrand y voit le refus de la mort, de la complicité secrète que nous entretenons avec cette grande faucheuse. En se basant sur la pensée de Nietzsche, le philosophe considère les heures les moins importantes, les petits détails comme ce qui occupe la mémoire. Il met l'accent sur la vie, ce que nous partageons avec d'autres règnes sur la terre, l'existence de l'homme n'ayant d'autre sens que l'existence même. Il ajoute qu'il faut vivre ce qui nous habite plutôt que chercher à être ce que nous voudrions être : il faut partir de ce que l'on est sans viser des idéaux inatteignables. Pour lui, l'écriture constitue une tentative d'aller vers l'impossible qu'est la connaissance de soi, alors que les choses invisibles, les événements insignifiants et « [l]'inutile [sont] ce dont nous avons le plus besoin ». Nonobstant cette finesse de la mémoire pour le contemplatif, « [l]'art de ne rien faire est, conclut l'essayiste, l'art le plus difficile parce qu'il est aussi le plus simple ».

« L'épreuve du presque-rien » pour reprendre une partie du titre de l'article de Frédérique Bernier est justement un des sujets de Jacques Brault dans ses essais. Bernier nous entraîne dans l'univers des extrémités de l'infime de l'essayiste. Chez lui, les menues choses constituent un espace commun propice aux renversements des enjeux de la littérature et du littéraire ainsi qu'un appel au néant, au dépouillement, qui ne peut se passer de la poésie. De plus, les renversements du politique dans la littérature et de la littérature dans la politique sont aussi dangereux que l'exclusion complète de l'un dans l'autre. Ce sont aussi les rapports à la langue et à la théorie à travers l'impression de pauvreté linguistique et de minorité de la littérature d'ici qui intéressent Jacques Brault. En l'absence de la figure du père, l'infériorisation n'est cependant pas synonyme de mort selon la lecture de Brault faite par Bernier, elle est plutôt le signe d'un recommencement possible.

Dans son article, Marie-Pascale Huglo compare La disparition de Georges Perec et La petite fille qui aimait trop...

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