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University of Toronto Quarterly 74.1 (2004/2005) 1-24



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Roman

Cette année, j'ai maintenu la formule de l'an dernier qui consiste à grouper les œuvres par maison d'édition et à présenter, à l'intérieur de chaque division, les auteurs par ordre alphabétique. Ainsi, pas de discrimination, ce qui ne veut nullement dire que je sois parfaitement objectif, tellement peu, de fait, que je souscris en partie à ce qu'avance Borgès, dans Le livre de sable : « L'imprimerie [...] a été l'un des pires fléaux de l'humanité, car elle a tendu à multiplier jusqu'au vertige des textes inutiles ». Je laisse aux lectrices et aux lecteurs le soin de choisir les titres qu'elles ou qu'ils aimeraient voir figurer à ce triste palmarès.

Les Éditions Du Blé

Lire le journal d'un écrivain, c'est tenter de le connaître davantage. Or, comme je n'ai jamais entendu parler de Guy Gauthier, je tourne, sans intérêt, les pages de Journal 5.1, qui me paraissent insignifiantes. Je lis : « Je me gave de pâtisseries. Je n'ai pu m'empêcher, gourmand que je suis, d'ajouter à mon Pepsi... une pâtisserie en forme de fleur, une brioche glacée, au cœur de framboises ! Tous les jours, je me fais un devoir d'arrêter, et tous les jours, je recommence », et je n'accroche pas. Quel sot projet que de se raconter, si on n'a pas changé la face du monde ? Le Journal de Gide, passe encore, mais celui de Guy Gauthier qui a fait carrière à New York ? Who cares ? »

Nosara, au Costa Rica, c'est « un de ces lieux, au cœur du monde, où l'on retrouve sa singularité ». C'est ce qu'avance le narrateur qui s'y rend avec Sarah, voici pourquoi : « La première fois que j'ai rencontré Sarah, j'ai trouvé qu'elle avait un vrai talent; de merveilleuses aptitudes à l'amour. Je suis venu dans sa bouche. Elle a continué de me lécher un peu... elle a remonté le ventre, puis elle est venue tout contre mes lèvres y enfouir la langue et cracher mon foutre. » Le couple ne s'ennuie pas. Le lecteur non plus. Les premières pages de Nosara sont une longue citation de Sexus (1949) de Henry Miller. Le reste du roman sert à illustrer ce que dit le célèbre auteur américain et à le commenter, en s'appuyant sur des livres, [End Page 1] des tableaux et de la musique. Livre savant, parfois poétique (quelques pages sont de véritables poèmes en prose), parfois dramatique (chaque réplique des dialogues est brève, réaliste, percutante), qui ne manque pas de piquant. J. R. Léveillé est un auteur qu'on ne peut pas se permettre d'ignorer.

Boréal

« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, / Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots » (Musset, « La nuit de mai »). C'est à partir d'une idée semblable que Ook Chung construit L'expérience interdite. Mais c'est tout ce qu'il doit au romantisme. Ce qu'il a écrit est un suspense qui est aussi un roman satirique, métaphorique et fantastique. Il met en scène des écrivains réduits à l'état le plus dégradant, car Bill Leary (faut-il voir dans ce personnage inqualifiable le type même de l'éditeur contemporain ?), qui maintient un « atelier littéraire », croit au « syndrome de l'épine au pied ». La littérature « sérieuse », prétend-il, vient de la douleur de l'écrivain, souffrance physique et morale qu'endure l'artiste dans la solitude la plus infernale. Cette œuvre macabre donne le frisson parce qu'on se dit que tout...

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