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  • Les Fleurs de Poesie Françoyse. Hécatomphile (1534)
  • Florian Preisig (bio)
Les Fleurs de Poesie Françoyse. Hécatomphile (1534). Éd. Gérard Defaux. Paris: Société des Textes Français Modernes, 2002.

Cette édition critique des Fleurs de Poesie françoyse, précédée d'Hécatomphile, vient s'inscrire dans un ensemble très cohérent de travaux éditoriaux réalisés par Gérard Defaux dans le domaine de la poésie de la première Renaissance française parmi lesquels il faut notamment mentionner les Œuvres poétiques de Clément Marot (Paris : Bordas, 1990, 1993), Les Deux Recueils de Jean Marot (Genève : Droz, 1999) et la Délie de Maurice Scève (Genève : Droz, 2004).

Cette nouvelle pièce ajoutée au puzzle constitue un apport considérable à plus d'un titre. Il faut tout d'abord noter qu'il s'agit d'un ouvrage qui n'a jamais été édité depuis le XVIe siècle. C'est ensuite un témoignage très précieux sur la manière dont la poésie circulait et était lue à cette époque. En effet, quiconque a étudié tant soit peu l'histoire de l'édition aura pu se rendre compte de l'abondance des recueils de poésies pendant la première Renaissance. Cet état de fait bouscule un peu nos habitudes modernes qui tendent à rapporter une œuvre à un auteur ; dans le domaine de la poésie profane, le lecteur contemporain ne connaissait ainsi Jean Marot, Guillaume Crétin, Mellin de Saint-Gelais, Victor Brodeau et bien d'autres que par des recueils collectifs mis au point par des libraires à des fins commerciales.

De ce point de vue Les Fleurs de poésie française / Hécatomphile est atypique. A la différence de la plupart des ouvrages passés en revue par Lachèvre dans sa Bibliographie des Recueils collectifs de poésies du XVIe siècle (Paris : Champion, 1922), Les Fleurs de poésie n'ont pas été compilées par un libraire mais vraisemblablement par les poètes eux-mêmes. Tout porte à croire que les auteurs représentés dans le recueil se connaissaient - ils fréquentaient tous la cour -, partageaient les mêmes valeurs esthétiques et idéologiques, et se sont concertés pour la confection des Fleurs. La manière dont le projet s'est mis en place est éclairée par le manuscrit 2335 de la Bibliothèque Nationale qui constitue en quelque sorte le brouillon des Fleurs. On y retrouve à peu de choses près les mêmes auteurs, les mêmes pièces et la même structure : un recueil de poésies précédé d'une traduction de l'italien (Hécatomphile dans un cas, le Courtisan dans l'autre). Le recueil et le ms. 2335 viennent confirmer une idée de plus en plus évidente : que Clément Marot et les [End Page 885] poètes de l'époque travaillaient de concert, publiaient ensemble, partageaient des préoccupations ou des idées semblables. S'ils ne se réclament pas d'une école, n'ont pas de manifeste, il est évident que dans les faits ils formaient une communauté peu différente de la future Pléiade. Ce texte constitue donc un document essentiel sur une période de l'histoire de la littérature restée mal connue jusqu'à peu ; il met également en lumière une étape importante de la lente constitution du concept moderne de l'auteur.

Bien que les auteurs publiés dans ce recueil soient désignés par un pseudonyme, on peut démontrer - Lachèvre avait déjà fait l'essentiel du travail dans sa Bibliographie des Recueils collectifs de poésies du XVIe siècle (1922) - qu'ils ne sont autres que Clément Marot, Marguerite de Navarre, François Ier, Mellin de Saint-Gelais, Claude Chappuys, Victor Brodeau et le Cardinal François de Tournon. Selon toute apparence, c'est Victor Brodeau qui s'est chargé de rassembler ces poèmes et d'écrire la préface de l'ouvrage ; derrière ce dernier se...

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