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Reviewed by:
  • Corvées et quêtes. Un parcours au Canada français
  • Jocelyne Murray
Corvées et quêtes. Un parcours au Canada français. Jeanne Pomerleau. Montréal, HMH, 2002, 430 p., 39,95 $.

L'ouvrage Corvées et quêtes nous ramène à une époque où tous, hommes et femmes, jeunes et vieux, étaient appelés à travailler ensemble en de multiples occasions - avant la mécanisation des fermes et de l'outillage sophistiqué, avant le recours aux entrepreneurs en construction de maison ou de route. La description détaillée d'une centaine de corvées illustre non seulement la vie rude des cultivateurs d'autrefois, mais les [End Page 586] liens qu'ils tissent entre eux grâce à ce travail communautaire. Selon la définition qu'en donne Pomerleau, la corvée est un travail fait en groupe, sans rémunération, dans le but de s'entraider ou d'échanger du temps. C'était « quasiment une nécessité » en plus d'être « une condition de survie matérielle pour ceux qui étaient frappés par un malheur occasionné par un incendie ou la maladie » (p. 21). Elle précise que depuis les origines de la société canadienne-française jusqu'aux années 1950, la corvée demeure « essentielle au maintien de la cohésion sociale » (p. 385). À leur façon, les quêtes poursuivent le même but.

Cet ouvrage se divise en deux parties. La première, « Les différentes corvées à travers le temps », comporte cinq chapitres. Après une revue des principales corvées, les quatre chapitres suivants abordent ces travaux par catégories : la plantation du mai, les corvées associées aux pratiques religieuses, celles reliées au rituel de la vie et les corvées d'entraide avec ou sans échange de temps, de loin la catégorie la plus importante. La seconde partie, « Les grandes quêtes de l'année », présente sept quêtes religieuses ou profanes en autant de sections. Cette étude ethnographique s'appuyée sur des sources abondantes et diversifiées : archives de folklore, ouvrages spécialisés en histoire et en ethnographie, monographies de paroisse, entrevues. Abondamment illustré, le texte s'enrichit de chansons et de poèmes, d'extraits de romans du terroir, de légendes et d'anecdotes.

Corvées et quêtes. Un parcours au Canada français s'intéresse à toutes les régions où l'on retrouve des francophones, qu'ils soient du Québec, de l'Acadie, de l'Ontario ou de l'Ouest canadien, voire de la Louisiane. Des corvées exécutées par les Amérindiens complètent le tableau. Jeanne Pomerleau souligne que le bénéficiaire d'une corvée sait qu'il devra participer en retour à une autre corvée, sorte de dette d'honneur à laquelle il n'oserait se soustraire (p. 33). Le rang apparaît alors comme un véritable microcosme où chacun doit pouvoir compter sur son voisin. Dans ce monde traditionnel, quelques corvées rappellent la division sexuelle des tâches, d'autres montrent combien on sait utiliser les talents particuliers de chacun. Des corvées contraignantes, comme par exemple la coupe du foin ou la récolte des pommes de terre, réunissent plusieurs personnes afin « [d'] atténuer le caractère répétitif et monotone des gestes » (p. 144). Le levage d'un bâtiment, une épluchette de blé d'Inde et le battage du grain ne se terminent jamais sans un repas, suivi d'une danse ou de jeux. Par contre, les corvées effectuées dans le cadre du Régime seigneurial ou du régime anglais ou encore pour la communauté paroissiale ne donnent pas lieu à de telles réjouissances. Plusieurs de ces travaux et quêtes charitables ou profanes représentent une occasion de rencontres pour les jeunes en âge de se marier. [End Page 587]

Ce livre de Pomerleau a le mérite de réunir la plupart des corvées et quêtes qui surgissaient au fil des jours et de faire revivre un vocabulaire et une terminologie oubliés. D'une lecture agréable...

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