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French Forum 27.1 (2002) 149-151



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Book Review

L'Extase et ses paradoxes.
Essai sur la structure narrative du Tiers Livre


Oumelbanine Zhiri. L'Extase et ses paradoxes. Essai sur la structure narrative du Tiers Livre. Paris: Honoré Champion, 1999. 275 pp.

Voici un ouvrage solide et brillant, remarquable à tous égards, qui vient à son heure—peu de temps après l'étude jumelle d'Edwin Duval, The Design of Rabelais's Tiers Livre de Pantagruel, parue chez Droz en 1997—et qui constitue une addition bienvenue à la critique rabelaisienne. Tous les spécialistes, connaisseurs et amateurs de "mithologies pantagruelicques" qui cherchent ne serait-ce qu'une petite lumière pour les guider dans leur lecture de ce texte entre tous exaltant, difficile et complexe y trouveront leur compte. La maturité critique est impressionnante; et la méthode d'une pertinence absolue au but que l'auteur se propose d'atteindre—et qu'elle atteint. Il ne s'agit pas en effet de projeter sur le texte étudié des a priori critiques et méthodologiques glanés dans les préjugés personnels ou les discours du jour—fragmentation, déconstruction, éclatement, discontinuité, crise, insularité, gratuité, jeu, non-sens, autonomie du signifiant, etc.—mais purement et simplement de le lire, de l'interpréter en collant à lui le plus fidèlement possible, en respectant et en interrogeant toutes les nuances dont il est porteur, sa progression, sa structure et ses signes—avec, cependant, ce pari initial (et fondé) sur sa cohérence voulue, sur le fait que nous n'avons pas ici affaire à une accumulation d'épisodes interchangeables (Jeanneret), à une simple répétition (Cave), à un piétinement stérile, disons-le, à un bricolage textuel, "structuraliste," mais à un livre, à un ouvrage minutieusement pensé et construit, à une sorte de parcours initiatique dont Pantagruel, et non Panurge, est le héros. A cet égard, l'auteur se situe surtout, en dépit des réserves trop rapides et trop cavalières qu'elle formule, dans la mouvance immédiate de Duval. Et il est vraiment regrettable que dans sa Bibliographie ne figure même pas l'ouvrage—un ouvrage pourtant publié deux ans avant le sien—que celui-ci a consacré au Tiers Livre. Tout aussi regrettable que, pour définir dans son Introduction la singularité de sa propre démarche, elle renvoie surtout à Saulnier, à Screech ou à Jeanneret et dispose trop vite—en un petit paragraphe très sec, p. 13—de son prédécesseur le plus immédiat. L'embarras ici est visible, il n'a rien d'in [End Page 149] certain. Et il n'est pas seulement le sien, mais celui d'une critique française qui, quelque peu gênée aux entournures—voyez par exemple Céard ou Tournon—ne sait trop comment accueillir cette manne anglo-saxonne sur ses propres plates-bandes. Duval, ou comment s'en débarrasser: dans le domaine ô combien français des "Études rabelaisiennes," la France retarde, elle fait vieux jeu. Longtemps vouée à l'immobilisme par sa trop grande dévotion au Rabelais de Saulnier, incapable dans un premier temps de suivre Screech, de lui répondre, de faire front, elle est maintenant—à quelques rares exceptions près (Huchon, Demerson)—à la remorque de Duval. En l'occurrence, Zhiri ne voudrait pas donner l'impression que certaines des présuppositions critiques sur lesquelles elle fonde son analyse sont depuis bon nombre d'années, grâce à ce dernier, monnaie courante. Mais les efforts qu'elle fait pour dissimuler ses dettes—des dettes qui d'ailleurs pourraient n'être qu'involontaires, des dettes fruits de l'air du temps—ne les révèlent que mieux. Elle ne parvient jamais à nous faire oublier que Duval lui fait de l'ombre, qu'elle vient malheureusement après lui, qu'elle n'est pas la première à dire ce qu'elle nous dit, que les portes qu'elle prétend ouvrir pour nous sont des portes que celui-ci a ouvertes en 1982.

La simplicité de la méthode employ&eacute...

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